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Menuiserie Paret : le défi de la reprise d'entreprise
Laetitia Le Gall a ouvert ses portes à la CCI Nord Isère et aux élus locaux dans le cadre d’une visite d’entreprise « Itinéraire CCI ». Créée en 1999 à Apprieu, la menuiserie Paret a été reprise en 2021 par cette sémillante quadragénaire. L’amour du bois porte les équipes, avec la fierté de fabriquer des menuiseries nobles et durables. Bien que le marché soit tendu, tous se serrent les coudes pour résister et poursuivre une belle aventure industrielle.
Mardi 25 février 2025
Transmission de savoir-faire et compétences transverses
« Nous organisons régulièrement des visites de notre atelier, souligne la dirigeante, pour des écoles, des confrères, etc. D’une part c’est important de valoriser nos métiers et de les faire découvrir aux jeunes. D’autre part c’est un sentiment de fierté pour nos équipes ! En l’occurrence, avec la visite « Itinéraire CCI », j’ai souhaité montrer que les PME locales du secteur du BTP ont besoin du soutien des institutionnels et des donneurs d'ordres publics. Notre filière est fragile. Les raisons sont multiples, crise des matériaux, chute des permis de construire, budgets publics serrés… »
D’une nature combative et résiliente, Laetitia Le Gall reste positive. Issue d’une formation dans la finance, elle a piloté pendant 7 ans une PME grenobloise, passant de 75 à 200 salariés à son départ ! En 2021, elle s’est lancée dans un projet de reprise d’une entreprise et elle a découvert la menuiserie Paret (Apprieu). « Cette entreprise familiale était en grande difficulté économique, et le challenge m’a plu. J’ai très vite senti que les salariés avaient envie de changements et j’ai eu envie de les rejoindre. » Novice dans le métier, elle a su rester humble et s’appuyer sur leur savoir-faire. Charge à elle de s’occuper de l’organisation, de la gestion et des finances, ses compétences-clés. Lauréate 2021 du Réseau Entreprendre, Laetitia Le Gall a su structurer et assainir l’entreprise. Son audacieux projet a marché, à la grande satisfaction de ses salariés et des clients. « Le pari était un peu fou… », confie-t-elle.
Une PME locale certifiée « Bois des Alpes »
La menuiserie Paret fabrique des menuiseries en bois et bois/aluminium. Sa capacité de production lui permet de fournir de gros chantiers, écoles, médiathèques, logements sociaux, etc. Les marchés publics pèsent plus de la moitié de son chiffre d’affaires. « Fabriquant plusieurs milliers de pièces par an, nous ne pouvons pas tout poser et donc nous fournissons aussi des entreprises générales », précise la dirigeante. Le bois représente environ 20% du marché total des menuiseries ; cette part devrait augmenter car les réglementations poussent en sa faveur. Notamment, à partir de 2030, tous les nouveaux bâtiments devront être à zéro émission.
« Nous sommes très fiers d'être certifiés "Bois des Alpes" car cela apporte des garanties concrètes à l’utilisateur : provenance des bois (forêts du massif alpin), qualité technique (séchage, résistance mécanique) et maintien des emplois régionaux. Nous avons le sentiment de travailler pour notre territoire, dans une filière qui se structure et qui agit de manière vertueuse. »
Plus écologique que le PVC, le bois offre un meilleur bilan carbone. Ses performances énergétiques et esthétiques en font un matériau noble. D’ailleurs, la menuiserie Paret est la seule en Isère à afficher la certification « Bois des Alpes ».
Une équipe motivée malgré une filière fragile
Laetitia Le Gall a réussi, avec ses équipes, à redorer l’image de l’entreprise et à améliorer sa gestion. 26 salariés, un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2023 mais un carnet de commandes actuellement un peu maigre... « Jusqu’alors j’avais un an de visibilité, ce n’est plus de cas. Clients mauvais payeurs, tensions de trésorerie, dépôts de bilan des constructeurs, la situation est tendue. » La cheffe d’entreprise adopte une position équilibrée ; elle reste combative aux yeux de ses salariés, sans pour autant enjoliver la situation. « Notre outil de production est performant et nos savoir-faire sont reconnus. Nous surmonterons cette crise. » Elle garde une belle énergie pour conquérir des clients, nouer des partenariats, bref, faire tourner l’atelier.
Une femme dans un milieu masculin ? « C’est un avantage, sourit-elle. J’apporte un regard neuf dans le métier, c’est rafraichissant me disent mes clients ! Et dans les réunions, ils apprécient une présence féminine, pour des relations plus apaisées. » Elle a gagné ses lettres de noblesse et espère que la conjoncture s’améliore cette année.
Rédactrice : Karine Myotte